Triste anniversaire

Publié le par Alexis

Aujourd'hui j'ai 29 ans et pas trop le moral. Coup de blues passager dû au départ de la France, aux chocs culturel et thermique ? Non pas seulement malheureusement...

Mes vacances en France, c'était le panard, une orgie de chaleur humaine, de soleil dans les Alpes, de bonne chair et j'en passe. Et puis samedi dernier, une soirée de despedida avec (presque) tous mes amis, une bonne grosse teuf comme on les aime : une soirée qui se termine avec l'arrivée des flics vers les 5 heures du matin ne peut être foncièrement mauvaise ! Spéciale dédicace aux voisins qui ont sû apprécier à sa juste valeur l'ambiance de fête qui régnait dans l'appartement, et dans tout l'immeuble aussi apparememnt, enfin presque. Et un grand merci à Alex et Nico pour avoir hébergé la soirée.

Lundi matin en arrivant aux douanes de São Paulo, je me suis dit que je passerais comme une lettre à la poste comme la dernière fois. La douanière avait l'air gentille, et laissait passer tout le monde avec un grand sourire. Est-ce qu'il y avait quelque chose d'artificiel dans le sourire que je lui ai rendu ? Est-ce que c'étaient mes deux bagages de plus de 30 kilos qui l'ont fait tiquer ? Le fait est que cette Saint Pierre des tropiques me refusa le paradis et m'envoya avec les autres renégats et damnés de la terre vers la file où il faut ouvrir ses valises et déballer son sac pour obtenir son ticket pour l'éden brésilien... J'étais complètement endormi, mais il me restait encore suffisament d'énergie vitale pour commencer à stresser sévère. Dans mon sac, il y avait 400 mètres de corde, plus 2000 Euros de matériel d'escalade importé illégalement puisque la limite est à 500 $. Tout ça pour Rokaz, et pour jouer au papa Noel avec mes amis brésiliens (qui me remboursent après, je suis un papa Noel des temps modernes...)

Bref je balise pas mal, mais finalement la douanière ne s'offusque pas à la vue de tous ces trésors de grimpeurs. Par contre il y a une forte odeur qui s'échappe d'un des deux sacs, une puanteur inconnue de ce côté de l'Atlantique et qui commence à contaminer toute la salle. En deux temps trois mouvements, elle n'a même pas besoin de l'odorat d'un chien ou encore moins d'un détecteur de métaux pour trouver le gros sac de fromages que j'avais caché au fond du sac... S'ensuit un débat laborieux à 6 heures du matin. Doit-elle incinérer ces poisons puants sur place ou renvoyer immédiatement à l'envoyeur cette bombe à retardement  avant qu'elle n'explose ? Dans tous les cas, elle me dit qu'il faudra que je paie. J'essaie de l'amadouer en racontant que je ne vais pas revendre ce fromage ici, que c'était pour faire une dégustation avec mes amis du Minas Gerais qui sont des grands amateurs de fromages, et son petit côté brésilien chaleureux reprend le dessus. Finalement mes fromages prendront gratuitement le prochain vol pour la France. Que vont-ils devenir tout seuls en France, mes 20 fromages forcément succulents ? Ils arrivent demain à 8h00 à Roissy, par le vol JJ8089, est-ce que quelqu'un pourrait aller les chercher pour les sauver de la poubelle ?!

Lundi aprème j'arrive à Belo Horizonte en un seul morceau, plus fatigué que jamais, amputé seulement de la partie la plus coulante et périssable de mon équipage. Il fait grand beau et 33 degrés, et je me console un peu en me disant que de toute façon mes fromages n'auraient pas résisté à un tel climat avant d'atteindre mon frigo.

Après une bonne douche froide, je prends mon vélo et pars voir Rokaz, et là j'en prends une deuxième de douche froide. Le chantier en est exactement au point où je l'avais laissé il y a un peu plus de deux semaines. Tout le métal pour contruire le toit du gymnase est entreposé par terre, les ouvriers ont déserté la bataille. Yan par email m'avait vaguement parlé de problème de permis de construire, encore !, mais la situation est bien pire que celle à laquelle je m'attendais...

Conseil de guerre avec Yan et Alexandre. Notre intermédiaire qui faisait toutes les démarches à la mairie nous a complètement roulé dans la farine. Il n'a rien fait du tout, et inventait toutes les semaines des prétextes différents pour que nous n'allions jamais nous-mêmes à la mairie, pour nous faire patienter. Deux mois de perdus... Nous nous maudissons, nous sommes des bleus. Mi-décembre, il nous dit que le permis de contruire était enfin sorti. En fait après vérification à la mairie il n'en était rien. Le processus en est encore à son début en fait... Ce type était sympathique et paraissait professionnel, nous nous maudissons de lui avoir fait confiance.

Il va falloir tout recommencer depuis le début, c'est dur dur... Nous allons faire marcher à fond tous nos contacts, j'ai déjà rappelé le mec que j'avais rencontré dans un stade de foot et qui s'était avéré être le directeur d'un des disctricts de Belo Horizonte, il va m'aider. Mais combien de temps ça va prendre ? Combien de temps encore nous n'allons faire que des fichiers excel ou word, contruire une entreprise virtuelle en regardant tous les jours notre chantier arrêté ?

Ce matin je suis allé au bureau de Vida no Vale. Tout le monde est encore là à travailler. Il est incroyable ce pays, je peux me consoler en me disant que le cas de Rokaz n'est pas unique. Le projet Vida no Vale devait terminer initialement fin septembre, ensuite fin octobre, puis c'était sûr et certain pour fin novembre, et encore aujourd'hui tout le monde travaille comme si de rien n'était ! Il n'y a pas de nouvelles du gouverneur, personne ne sait si le projet sera mis en place mais ils continuent à travailler des détails pour améliorer la copie... D'ailleurs Elias le chef de projet a plein de travail pour moi, je me demande si je ne vais pas continuer à travailler un peu pour lui pour gagner un peu d'argent en attendant mieux...

Je suis pas mal épuisé aujourd'hui. Après trois nuits bien courtes, hier soir j'ai dû sortir avec les copains pour fêter mon retour, une soirée au lit et à la maison aurait été une véritable trahison ! Et aujourd'hui j'ai fait la gaffe de leur dire que c'etait mon anniversaire et il va falloir remettre ça. Jeudi j'organise une fête à la maison pour mes collègues et ce we je remets ça pour les amis de l'escalade...

Le pire dans cette histoire c'est que le chantier en face de ma fenêtre avance vite et bien, et dès 7 heures du matin il y a un boucan du tonnerre qui m'empêche de dormir et qui tous les matins me rappelle comme une fourchette grinçant au fond d'une casserole que mon chantier lui est arrêté...

Publié dans vidanobrasil

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