Niko à Belo

Publié le par Alexis

Samedi soir un ballet moderne au Palais des Arts de Belo Horizonte, invité par Diomar qui en est désormais le vice-président, un ballet post-moderne mais en hommage au folklore pluriséculaire du Jequitinhonha, un ballet interactif où le public est sur la scène avec les danseurs, où les danseurs viennent s’asseoir au milieu du public, où ils parlent, s’habillent, se déshabillent, deviennent fous, se roulent par terre, sautent en l’air, puis redeviennent un peu humains pour raconter avec chaleur les liens d’amitié qu’ils ont tissés dans le Jequitinhonha, et parfois, de temps en temps, ils dansent aussi, ou plutôt ils bougent leur corps au rythme frénétique de leurs émotions car il n’y a pas de musique, mais des voix et des sons qui disent le Jequitinhonha…

Une soirée d’anniversaire où les nanas sont peinturlurées en rose, sapées avec des tissus mauves du meilleur goût, éclairées par des puissants spotlights de néon blanc qui rajoutent au tableau une délicieuse note chaleureuse, une soirée où, peu de temps, nous resterons…

Un corps qui se déplie et s’élance de toutes ses forces vers le ciel sur une dalle verticale de rocher lisse, un grand jeté qui atteint son point d’orgue lorsque les doigts effleurent la prise salvatrice 1m50 plus haut, quand les bouts des doigts tentent de se refermer, désespérément, mais non, ces premières phalanges sont trop faibles, l’appel de la gravité est trop fort, et c’est la chute, et c’est le vide, dans l’air et dans ma tête, et c’est la tension de la corde qui me retient à la vie, et c’est ma tête qui se retrouve à moitié à l’envers et fort déçue d’être passée à une demi-phalange de ce qui aurait pu être mon premier 7b+ à vue…

Une longue soirée à boire des bières avec le Niko, à boire des bières pendant des heures pour raconter nos vies jusqu’à plus soif…

Un petit footing vers la montagne au-dessus de chez moi qui domine tout BH, une petite escalade le long d’un câble pour arriver à son sommet, au soleil couchant, face à une ville qui tout-à-coup devient belle, puis une descente sous les étoiles, dans l’air frais et agréable de la nuit, au rythme de nos grandes foulées qui délassent les jambes, les poumons et la tête, vers un point de vue où se bécotent les amoureux, puis vers une grande plâtrée de pâtes…

A 3 heures du matin une boîte où la musique est complètement assourdissante, mais souvent bonne, car aux platines, il y a Paco Pigalle, qui sera bientôt un de mes grands amis ici j’espère. Sur la scène c’est la cour des Miracles qui défile, il y a des apparitions kitchissimes ou surréalistes, toutes assez navrantes, une très laide danseuse du ventre qui ne bouge que des fesses et qui soulève sa robe pour montrer ses larges poteaux, un danseur indien minable et donc franchement comique, un magicien qui tend un fil sur la scène et organise le concours de celui qui mange le plus vite les pommes qu’il a suspendues au fil…

Un début de soirée vendredi avec Monsieur l’ambassadeur, qui nous a fait l’honneur de sa visite, nous, Français de Belo Horizonte, tellement flattés de rencontrer en personne notre « capitaine d’équipe », quel charisme !, et quelle brillante métaphore Monsieur l’ambassadeur !, placée avec tellement d’à propos au Brésil !, enfin je te remercie surtout pour le champagne, les délicieux petits fours à volonté, et ce petit Bordeaux des familles aux frais de la princesse Marianne, et heureusement tu as eu la bonne idée d’inviter un type sympa qui se cachait derrière sa table de mixage, c’est Paco Pigalle qui est là parce qu’il lance une émission de chanson française sur les ondes locales, c’est un mythe de la nuit Belo Horizontina grâce à son bar et ses sets dans les meilleurs boîtes de la ville, et c’est un mythe pour moi car il a fait partie de la Mano Negra , et dans un coin il y a Gaëlle, une compatriote rigolote dont je fais la connaissance, tout de suite une complice avec qui nous nous répandons avec délice en louanges sur l’assemblée qui nous entoure, une assemblée de peignes-culs qui s’échangent des mondanités creuses comme leurs sourires et vaseuses comme le gras de leur bide, une assemblée de cireurs de pompes et de graisseurs de pattes qui affectent des mines mielleuses ou condescendantes suivant si la personne en face d’eux est située en-dessous ou au-dessus dans la hiérarchie des barons locaux. Bref au final, que du croustillant bonheur, merci Diomar de m’avoir traîné à cette soirée…

Tout avait commencé vendredi soir, j’arrivais chez moi en costard, passablement éméché, avec vingt minutes de retard et la carte de visite de l’ambassadeur froissée dans la poche, et devant chez moi il y avait un vrai-faux routard qui m’attendait assis sur son sac à dos et qui n’avait même pas l’air de m’en vouloir.

  

 

Publié dans vidanobrasil

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P
Niko, si tu pouvais me ramener le T-shirt Millet rouge que j'ai oublié chez Alex, ce serait super sympa...
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