Lendemain de gueule de bois...

Publié le par Alexis

Lundi matin, je me lève, j'ai un goût amer dans la bouche, pendant quelques secondes je ne sais plus trop d'où il vient, un peu comme quand on se réveille après une soirée trop arrosée et qu'on sait plus trop pourquoi on a mal au crâne parce que l'alcool a un peu rouillé la mémoire...

Je descends à vélo vers Rokaz, et là, la première personne que je rencontre c'est notre gardien, que tout le monde appelle Irmãozinho, le petit frère. Je l'aime bien, il a toujours un grand sourire aux lèvres, et pourtant sa vie elle est pas bien rose. Vu que c'est la première personne que je rencontre de la semaine, forcément je lui ouvre un peu mon coeur. Je lui dis que le mec qui vient d'être élu en France, il va à l'opposé de tout ce que j'aime dans mon pays, à l'opposé des valeurs de solidarité, d'égalité des chances et de fraternité que la France portent depuis sa révolution, à l'opposé d'une certaine idée de l'économie au service de l'homme depuis le Front Populaire, la création de la sécu, du SMIC et du RMI, je lui dis que ce mec-là il n'a qu'une piètre estime pour la culture et les arts dans un pays qui a pourtant pour tradition de dérouler pour eux des grands tapis rouges. Il n'a pas l'air de suivre tout ce que je raconte mais tant pis, je continue en disant que la France aurait peut-être eu une chance via l'Europe de défendre sur la scène internationale d'autres valeurs que celle de la compétition généralisée et de la société de consommation pour construire la mondialisation de demain, mais qu'avec ce mec-là il n'y a plus aucun espoir, et que ça ne me donne pas envie de rentrer en France de si tôt.

Après quelques minutes de monologue je m'arrête de parler et Irmãozinho semble reprendre ses esprits, puis, compatissant, il commence à me passer son bras sur son épaule comme un père pour me consoler, et m'explique que son équipe aussi a perdu la veille, qu'il est triste comme moi, mais qu'il ne faut pas perdre espoir, qu'en France le championnat ne doit pas être encore terminé, et que mon club gagnera peut-être le prochain match. A ce moment-là, j'ai senti comme une barrière culturelle entre lui et moi... Une deuxième barrière après celle qui était déjà apparue la veille entre la France incarnée par cet homme-là et moi...

Moralité : Lendemain de gueule de bois, reste au lit ou rebois.

Publié dans vidanobrasil

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